3,6 % : c’est l’évolution moyenne de la productivité industrielle dans l’Hexagone, malgré les tempêtes de 2024. Une donnée qui ne colle pas à la morosité ambiante et qui bouscule les certitudes sur le ralentissement annoncé. Cette résilience, parfois invisible dans le brouhaha économique, force à regarder plus loin que les gros titres.
En 2024, la croissance mondiale a ralenti, mais l’investissement industriel n’a pas cédé partout. Plusieurs filières stratégiques gardent le cap, portées par une automatisation accélérée et la digitalisation des process. Les matières premières restent imprévisibles, tout comme la géopolitique qui brouille les cartes dans des secteurs entiers. L’industrie avance, mais sur un sol mouvant.
Entre espoirs de reprise et menaces sur l’emploi, le secteur manufacturier navigue à vue. Les politiques monétaires restrictives continuent de durcir l’accès au crédit, tandis que les écarts régionaux s’élargissent, révélant une recomposition rapide des chaînes de valeur.
Où en est la conjoncture économique mondiale à l’aube de 2025 ?
La dynamique économique du début 2025 s’écrit en nuances. Les derniers rapports de l’Insee et de la Commission européenne révèlent une croissance freinée mais loin du point mort. Pour la France, le produit intérieur brut a progressé d’environ 0,8 % sur les trois premiers trimestres de l’année précédente, selon les chiffres de l’institut national de la statistique. L’Europe avance dans la même direction, mais les écarts se creusent entre les grandes économies du continent.
L’inflation reflue, sans pour autant descendre sous la cible de la BCE. Les taux d’intérêt élevés freinent l’envie d’investir, refroidissant les prises de risque côté entreprises. Les États surveillent de près les dépenses publiques, alors que les déficits s’alourdissent. Aux États-Unis, la croissance garde de la vigueur, portée par un marché de l’emploi solide et une consommation qui amortit les chocs économiques.
La rivalité commerciale entre Washington et Pékin maintient la pression sur les échanges internationaux. Les industriels réorganisent leurs chaînes d’approvisionnement pour limiter les effets des tensions géopolitiques, ce qui redessine le visage du commerce mondial. Le deuxième trimestre sera capital : les décisions de la BCE sur les taux et l’évolution de l’inflation conditionneront la suite, qu’il s’agisse d’une reprise ou d’un repli marqué.
Les tendances majeures qui façonneront l’industrie et l’économie cette année
L’industrie, qui a longtemps tiré la croissance, revoit sa copie. Les entreprises de l’industrie manufacturière misent sur l’automatisation, le pilotage affiné des flux logistiques et le retour de certaines productions sensibles sur le territoire. Le secteur électronique se distingue avec une demande en semi-conducteurs toujours vive ; l’aéronautique et le nucléaire accélèrent leur transition pour conjuguer souveraineté et impératifs de transition énergétique.
Dans l’automobile, le temps n’est plus à l’attentisme. Entre normes environnementales et flambée des coûts des matériaux, les équipementiers doivent réinventer leur modèle. L’action de la French Fab et de l’Alliance Industrie du Futur fédère PME et grandes entreprises autour d’initiatives innovantes. Les grands salons, de Global Industrie à Hannover Messe, mettent en avant le savoir-faire tricolore et les avancées de l’écosystème.
Les investissements se concentrent désormais sur l’infrastructure, la formation et les technologies propres. Si le bâtiment et les services souffrent du niveau élevé des taux d’intérêt, quelques signaux annoncent une reprise, en particulier dans le tourisme urbain et l’hôtellerie. Sur le front du commerce mondial, la tension reste palpable : les entreprises françaises adaptent leur stratégie, anticipant les changements de cap du marché dès le premier semestre. Agilité, digitalisation et arbitrages stratégiques dessinent les contours d’une année instable mais porteuse d’opportunités pour ceux qui savent anticiper.
Quels secteurs d’activité pourraient rebondir ou décrocher face aux nouveaux défis ?
En 2025, le tissu sectoriel français se tend. Les branches tournées vers la consommation des ménages font face à un pouvoir d’achat sous pression, conséquence directe de la politique monétaire et de taux d’intérêt qui persistent à un niveau élevé. Distribution, textile, restauration : les PME voient leurs marges s’effriter. Les défaillances s’accumulent, surtout parmi les acteurs les plus fragiles, confrontés à la baisse de la demande et à la hausse des charges fixes.
Certains secteurs réussissent toutefois à tirer leur épingle du jeu. La filière énergétique et l’industrie manufacturière profitent pleinement des investissements dans la transition bas-carbone, ce qui stimule l’emploi et encourage l’innovation. Les grands groupes, mais aussi les PME spécialisées dans la rénovation, les équipements et l’ingénierie, bénéficient d’un carnet de commandes solide. L’industrie technologique continue sur sa lancée : la digitalisation et la demande de solutions automatisées lui permettent de surpasser la moyenne nationale.
En revanche, le bâtiment et l’immobilier restent en difficulté. Le recul de l’investissement des ménages et la contraction du crédit ralentissent tout redémarrage. Les entreprises du secteur arbitrent sans relâche entre maintien de l’activité et maîtrise des coûts. Alors que les dépenses contraintes des ménages progressent, la politique budgétaire se resserre et accentue les différences entre secteurs. Les organisations les plus réactives, capables de remodeler leur modèle économique, sauront s’adapter à cette redistribution sectorielle qui s’accélère en 2025.
Risques à surveiller et leviers d’adaptation pour les professionnels en 2025
La croissance des économies européennes marque le pas, alors que les incertitudes sur les marchés financiers entament la confiance des dirigeants. La tension sur les taux d’intérêt, entretenue par une inflation toujours instable, pousse les entreprises à revoir leurs plans de financement. La dette publique française atteint des sommets, réduisant la marge de manœuvre, tandis que le déficit public impose de nouvelles restrictions sur les aides ciblées.
Les tensions entre la Chine et les États-Unis, les droits de douane croissants et la guerre russo-ukrainienne brouillent davantage le commerce mondial. Les exportateurs doivent composer avec des flux logistiques plus instables et des réglementations en constante évolution, notamment sous l’impulsion de Bruxelles sur la bifurcation écologique. Les entreprises opérant à l’international gardent un œil attentif sur les nouvelles normes et adaptent leur organisation en conséquence.
Pour répondre à ces défis, plusieurs stratégies s’imposent :
- Renégocier les lignes de crédit auprès des banques afin d’amortir la hausse des taux.
- Réduire l’exposition aux marchés les plus risqués en diversifiant géographiquement et sectoriellement.
- Investir dans l’innovation pour ouvrir de nouveaux relais de croissance, notamment dans la transition énergétique.
- Réviser la politique RH pour préserver les salaires et limiter le turnover.
La prudence reste de mise dans la gestion quotidienne. Les directions financières privilégient l’agilité, anticipant une année placée sous le signe de l’incertitude, de la retenue sur les investissements et d’une attention renforcée à la rentabilité. 2025 n’offrira pas de répit : il s’agira d’avancer, mais les yeux grands ouverts, prêt à saisir l’opportunité là où elle surgira.


